Bricoler

Aller-retour au cœur de l’espoir!

Nous sommes fin février 2004, j’ai alors 52 ans. Nous skions au glacier des Diablerets; il y a très peu de monde car le temps est maussade et il fait froid, mais la neige est excellente. Je dévale la raide piste noire en godille à vive allure, côte à côte avec mon cousin. Je suis content, je me sens très bien dans ma tête, j’ai juste un peu mal au ventre, mais ça passera…

Après cette belle journée de ski, quoi de plus normal que de manger une bonne fondue ? Je la savoure en bonne compagnie. L’ambiance est au beau fixe malgré ce mal de ventre qui persiste. Mais bon, cela passera!

Tout va alors bien dans ma vie. Mon job me passionne et le management de mon équipe m’apporte de nouveaux défis chaque jour. À côté, j’enseigne dans une école de gestion pour cadres et cela me procure du plaisir et de nombreux partages très dynamisants. La présidence de ma commune m’apporte aussi beaucoup de satisfactions. Enfin, cerise sur le gâteau, ma compagne et moi-même préparons notre mariage pour le mois de juin de cette même année! Ensemble, nous organisons aussi des saisons musicales de musique classique, « Les concerts du mercredi», avec l’orchestre Sinfonietta de Lausanne ainsi que des délégations de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et d’autres ensembles de haut niveau. Dans ce cadre, nous peaufinons les derniers détails pour le prochain concert.

La semaine suivante, le mal de ventre toujours présent, je décide quand même de prendre rendez-vous chez mon médecin de famille. Je ne suis pas très inquiet et, en attendant, je continue toutes mes activités. Pendant la consultation, le médecin me palpe le ventre et m’envoie sur-le-champ faire un scanner. Le verdict est implacable: une énorme tumeur est décelée, il faut agir très rapidement! C’est très grave et très urgent. Ma survie en dépend. On ne peut être plus clair.

Le ciel me tombe sur la tête

C’est impensable, presque irréaliste, cela ne peut pas être vrai. Les questions se bousculent dans ma tête: pourquoi mon corps se retourne-t-il contre moi? Qu’ai-je fait ou pas fait pour en arriver là et dans cette situation? Est-ce le fait de tout prendre sur moi, d’enfouir mes émotions et/ou, à une certaine époque, de plus rien attendre de la vie car trop lourde, ligotée à une relation trop chargée? Est-ce le cri d’alarme lié à ces dernières décennies? Il va falloir que je me comprenne! Et qui est cet étranger dans mon corps qui m’affole?
Pour l’instant et comme d’habitude, je mets tout ça dans une grande casserole avec un gros caillou sur le couvercle pour qu’elle ne s’ouvre pas! Ça ne résout rien, mais ça a le mérite de me faire revenir au temps présent.

Étant toujours dans l’action, nous décidons avec le médecin (bien que nous n’ayons pas le choix) d’intervenir chirurgicalement au plus vite. Tout s’organise très vite. Tous les contacts passeront par ma compagne. Le lendemain, je retourne à mon bureau et convoque toute mon équipe pour une séance extraordinaire. Je n’oublierai jamais cette matinée durant laquelle j’ai expliqué la situation et transmis la direction à mon adjoint, partagé des tâches à mes collaborateurs. Je leur ai dit:

- Au revoir, je pars vers l’inconnu…

Leurs regards en disaient long. Quand j’y repense, je les vois encore aussi nettement aujourd’hui que ce jour-là.

À l’hôpital

Le lendemain matin, dans ma chambre d’hôpital, je ressens un mélange de peur, d’angoisse, d’impuissance… Mais qu’est-ce qui m’arrive? Le médecin m’avait dit:

- Au vu de ce qu’on a vu sur les images, on va ouvrir, mais il se peut qu’on ne puisse rien faire du tout et qu’on referme directement.

Quelle horreur! Quelle angoisse! Je suis anéanti, ma compagne aussi. Cela n’est pas possible. Pourquoi tout cela nous arrive-t-il et juste maintenant, alors que nous démarrons une nouvelle vie harmonieuse et enthousiasmante ? Et alors aussi que je viens d’apprendre que je vais devenir grand-père et que je désire tant voir grandir mes petits-enfants! Je ne sais pas encore qu’une page de ma vie se tourne définitivement, que c’est la fin du mode de vie que j’avais adopté! Un chapitre nouveau et inconnu s’ouvre ce jour-là devant moi…

Trois personnes (ma future épouse, ma sœur et une amie pasteure) m’accompagnent et me soutiennent. Ensemble, nous nous préparons psychologiquement à l’opération. Surtout moi.

L’opération se passe, quelque chose peut être fait. Le réveil est extrêmement difficile, terrible, insoutenable, j’ai des tuyaux partout, des drains dans tous les sens, j’ai l’impression de n’être plus qu’une toute petite chose! Selon le rapport: «Résection de 40 cm de l’iléon terminal pour une volumineuse masse mésentérique avec tumeur grêle – métastases hépatiques et spléniques ». À ce moment-là, j’ignore encore que ce n’est que le début des souffrances et que cela va durer longtemps, très longtemps…

Je laisse venir vers moi uniquement cinq personnes que j’appelle «le club des cinq»; ils m’entourent et font le relais vers l’extérieur. Ils sont merveilleux. Grâce à eux, je peux passer ce premier cap. Je leur en serai éternellement reconnaissant.

Après une semaine, je ne suis encore que douleurs malgré la morphine. Je suis réopéré deux fois pour des infections et rebelote, re-soins intensifs et tout ce qui va avec. On a coupé la partie de mon intestin contenant la tumeur, mais on m’a bien fait comprendre que ce n’est qu’une partie du problème… Après deux-trois semaines, les douleurs diminuent et la dose de morphine peut être réduite. Heureusement, parce que je voyais des éléphants roses! J’ai perdu dix kilos dans la lutte. J’ai de la peine à marcher et je manque cruellement de forces.

Un jour, l’infirmière, une dame dans la quarantaine, très à l’écoute, m’informe que le chirurgien va passer. À son regard, je sens bien qu’elle est au courant de la situation mais je ne lui demande rien pour ne pas la mettre mal à l’aise. Il est presque 5 heures; pourvu que ma douce moitié arrive avant lui. J’ai peur, je suis terrorisé. Le chirurgien arrive d’un pas rapide, me prévient qu’il est pressé, qu’il a peu de temps… En s’appuyant contre le mur, il m’annonce:

- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise est que vous avez un cancer rare et très avancé, avec des métastases plein le foie et nous ne pouvons rien faire, il n’y a aucun traitement pour vous. La bonne nouvelle, c’est qu’il évolue lentement.

À ma question fatidique:

- Combien de temps me reste-t-il? Il répond:

- Deux ou trois ans au maximum.

Ce sont donc deux très mauvaises nouvelles si l’on pense à l’inévitable et si proche déchéance. Puis il est parti. En fait, je dirais qu’il s’est sauvé! En plus du choc lié à l’information communiquée, son manque de tact, son manque d’empathie et sa non-écoute me laissent seul, déconcerté, abasourdi. Moi qui étais en bonne santé, je suis désespéré, déconfit, perdu, abattu, je veux simplement VIVRE.

Je me retrouve plongé dans des profondeurs abyssales, dans ma faiblesse extrême, les inexorables informations reçues se bousculent en moi; notamment la perspective épouvantable de la mort devenue si soudainement si concrète me fait vraiment très peur. Ce sentiment qu’elle peut survenir bientôt me procure un mal-être effroyable, indescriptible, qui me donne des frissons… Je pleure beaucoup, seul et avec ma compagne. Du reste, c’est elle et ma mère qui doivent me soutenir pour faire quelques pas. Toutes deux partagent mes états d’âme… qu’elles traversent aussi!? Mon ego en prend un sale coup quand ma mère, âgée de presque 80 ans, doit me soutenir dans les corridors.

Avec le recul, j’ai pris conscience de l’immense travail effectué avec un grand professionnalisme par des équipes médicales qui doivent prendre des décisions ultrarapides et avoir des gestes de haute précision. C’est tout simplement admirable et tant pis pour les inconvénients de comportement… (quoique…). Mais quand même. Après un tel diagnostic, toutes mes angoisses et mes questions enfouies dans une casserole resurgissent. J’en déduis que vivre n’est pas garanti, bien que cela ne le soit pour personne, mais là, pour moi, ça l’est concrètement encore moins. Au moins pour le court temps de vie me restant, les options qui se présentent et l’issue de la mort devraient être discutées largement derrière le diagnostic!?! Mais… personne… personne dans ce milieu médical n’aborde ce genre de sujet pourtant si important et moi, je suis un patient qui débarque dans ce monde inconnu! Personne pour prendre en compte le concept global de l’être humain que je suis, et encore en vie, pour parler de ces sujets qui font, semble-t-il, partie de ma vie! La notion du sens de la vie existe-t-elle?

Les jours passent… Il y a ce soir un concert que nous avions organisé avec ma future épouse dans le cadre de nos saisons musicales. La salle est pleine. Étant toujours hospitalisé, c’est elle qui, en plus de son rôle habituel, doit reprendre mes tâches (gérer l’équipe, les musiciens et faire le discours d’ouverture). Très attentionnée, elle dépose son téléphone portable sur la scène pour que je puisse entendre ce concert des « Nuits de Bessarabie» par l’ensemble Klezmer de l’OSR. Mon ami Florin Moldoveanu est premier violon et je ne peux le féliciter… Seul dans ma chambre, hyper-vulnérable, je mesure toutes les conséquences de mon état. Malgré une musique plutôt joyeuse, je suis submergé par les émotions. Je fonds en larmes; ces larmes me viennent du fond des tripes, ces larmes m’empêchent presque de respirer. Ces larmes sont de la même nature que celles qui m’avaient envahi lors de la perte de mon très jeune fils, en 1982, vingt-deux ans plus tôt.

Au sortir de l’hôpital, avec mes douleurs, mes peurs et mes questionnements sous le bras, j’ai hâte de retrouver ma verdoyante campagne. Je suis faible, physiquement et psychiquement; je suis devenu tellement sensible que j’ai l’impression de ne plus avoir de protection. Tout m’agresse, me touche, me fait sursauter, comme un haussement de voix trop proche, une voiture me frôlant de trop près… En fait, je me sens agressé par le tourbillon de la vie, tourbillon dans lequel je me mouvais très bien il y a si peu de temps…

Peu à peu, je reprends quelques forces et les agressions s’atténuent. Le soir, une fois couché, je m’endors avec les angoisses immuables et l’éventualité qu’il s’agisse de ma dernière nuit! Le matin, je me réveille en remerciant Dieu d’être toujours en vie. Les nuits s’enchaînent et se ressemblent. Je ne parle à personne de ces souffrances, excepté à ma compagne, mais pas trop, pour ne pas l’inquiéter, elle qui a déjà un fardeau suffisamment lourd à porter.

Par la suite, je me tourne vers le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) pour obtenir un deuxième avis. Pris en charge par une femme d’exception, dotée d’empathie et d’une grande écoute, cette doctoresse comprend bien ma détermination à vivre. Elle met tout en œuvre pour me donner un maximum de chances. Malheureusement, elle quittera le CHUV quelques mois plus tard. Il m’arrive encore souvent de penser à ses qualités humaines qui m’ont aidé à garder espoir car nous fixions des objectifs et, bien que sans garantie aucune, on allait de l’avant. J’avançais.

Mon importante décision

Les jours passent avec deux nouveaux compagnons de voyage: le désespoir et la prière. J’ai une grande discussion «entre moi et moi à propos de moi»! J’envisage la situation dans un sens plus positif. Je suis bien conscient des limites oncologiques et de leur complexité concernant mon cas, conscient aussi de l’absence de traitement médical et conscient de l’échéance certes proche, mais qui me laisse quand même un peu de temps.

Même si la médecine n’a pas d’outils thérapeutiques à me proposer, même si je ne peux guérir ni soigner cette maladie, elle n’occupe cependant qu’une partie de mon corps. Alors, c’est dans la partie de mon corps en bonne santé que je vais aller chercher des outils de «guérison». C’est à cela désormais que je vais m’employer de toutes mes forces. Renforcer la partie saine de mon corps, lui offrir plus de vitalité, de tonus, de joie, la gratifier d’une santé plus florissante encore! Je ne suis alors plus uniquement victime du sort et du malheur, je deviens actif, je me prends en main. Je refuse de parler de «mon» cancer, car je n’ai rien demandé et il ne m’appartient pas! Je dois vivre avec «ce» cancer, qui malheureusement est toujours au rendez-vous. C’est un colocataire dans mon corps, à qui je propose de rompre le bail dès que possible!

Je garde mon esprit ouvert, malgré cette maladie dont je ne vois que la pointe de l’iceberg et dont les 90% sont immergés. Même si je trouve cet iceberg trop gros, trop froid, trop incompréhensible, trop lourd à porter, je ne laisse pas la paresse ni le désespoir m’envahir, bien que j’aie parfois de sérieux coups de blues. J’ai suffisamment de courage pour changer mes habitudes, mon alimentation, mon mode de pensée. Je sens fortement que j’ai besoin d’une vision plus large, plus intense et sans les restrictions que m’impose mon cerveau, qui a tendance à mettre des cadres dans le cadre. J’ai véritablement besoin de respirer à pleine vue et à plein esprit.

«C’est dans la partie de mon corps en bonne santé que je vais aller chercher des outils de “guérison”.»

C’est parti, en avant !

Dès ce moment-là et pour résumer, j’ai un nouveau job: soigner ma bonne santé mentale, psychique et physique. Je commence par des inductions positives:

- Je m’autorise à sortir de la maladie.

- Je mets tout en œuvre en direction de ma bonne santé.

- Je commence à m’occuper de moi, je respecte ma vie et ma santé.

- Je choisis de faire ce qui est bon pour moi.

Je ne lâche rien, j’active ma vieille technique du «pied droit en avant» (technique du gagnant) et je me fixe chaque jour un projet, si minime soit-il, comme faire le tour de la maison. Ces projets pourront grandir en parallèle à la récupération de mes forces. Ils me portent et me procurent de la joie au moment de leur réalisation, en me donnant en plus l’envie d’en réaliser d’autres. Ceci est toujours valable aujourd’hui, dix-huit ans plus tard.

L’approche par la nutrition

Ce qui m’apparaît comme une évidence, c’est l’approche par la nutrition. C’est avec une doctoresse de Genève que je découvre ce nouvel art de manger pour se soigner. L’idée étant que certains aliments (dits «anticancer») peuvent protéger l’organisme du cancer et que d’autres favorisent le développement des cellules cancéreuses. En premier lieu, pour être dans un environnement le plus alcalin possible, je décide d’éliminer les sucres, les graisses, les produits laitiers de vache, les viandes rouges et charcuteries bovines, les glutens (qui me provoquent des diarrhées depuis l’opération), de consommer des poissons, si possible gras, des viandes blanches de volaille. Beaucoup de légumes, spécialement des brocolis, des choux-fleurs et autres choux, salades et épinards, ail, oignons, etc. Exit les grillades bien cuites. Dès lors notre assiette est constituée de viandes blanches (volailles), de poissons, de légumes, de riz ou autres céréales sans gluten, avec des épices et des assaisonnements bien choisis et avec une bonne rasade d’huile d’olive bio. Nous prenons un soin tout particulier à choisir nos aliments, qui sont pratiquement toujours bio, en faisant le plein de légumes, en misant sur les protéines, poissons, œufs, champignons ou légumineuses, en limitant les glucides et en prenant du quinoa par exemple. Pour les desserts, avec le chocolat noir à 99% (que j’aime à dire « viril»), ce sont des myrtilles, framboises, fraises et autres baies qui ravissent mon palais. Manger est une joie, nous préparons de belles assiettes et j’ai un appétit féroce qui surprend toujours nos hôtes; et pourtant je n’arrive pas à reprendre du poids!

Pour les boissons, je bois de fameux thés verts à longueur de journée. Le café est quasiment éliminé et l’alcool est complètement banni, mais il m’était déjà proscrit depuis les opérations. Moi qui aime les bons vins et qui ai une jolie collection de bonnes bouteilles dans ma cave… Dorénavant, avant de servir un vin, je le hume et je me fais un immense plaisir de l’offrir à mes convives même si je ne peux en boire une goutte. Cependant, je joue le jeu de la convivialité en trinquant avec des jus de fruits rouges dans mon verre; la couleur est presque similaire et ça va aussi!

Formation et intuition

Carl Simonton – pionnier de la psycho-oncologie – est à l’origine des centres Simonton à travers le monde. Il rapporte de manière très claire l’effet des croyances saines sur notre guérison. À la lecture de son livre Guérir envers et contre tout, moi le cartésien, j’ouvre – bien que très difficilement au début, je dois le reconnaître – une nouvelle porte sur une autre manière de voir la maladie et d’y faire face. Dans la première partie de ce livre sont mentionnées deux personnes du même âge environ et au même stade de la maladie: l’une prenait ses médicaments dans son canapé en regardant la télévision et l’autre turbinait dans son jardin pour le rendre le plus beau possible. Le résultat est que le «jardinier» a vécu six mois de plus que l’autre. À ce moment-là du livre, je le jette presque par la fenêtre. Mon objectif est véritablement plus ambitieux que six mois de vie en plus: je veux tout simplement VIVRE.

Un mois plus tard, avec ma future épouse, nous suivons pendant une semaine la formation donnée par le Dr Simonton lui-même à Schönried pour les personnes atteintes du cancer et leur conjoint ou proche. Les journées sont composées de conférences, d’ateliers individuels, de travail en groupes (groupes de patients, mais aussi de patients et proches). En effet, le conjoint ou proche a une place extrêmement importante dans ce processus. C’est lui ou elle qui, par son écoute, son empathie, peut soutenir le malade. Pour moi, c’est déterminant, puisque mon envie de vivre est fortement liée à ma future épouse et que pour elle je veux faire tout mon possible. Et elle a su comprendre mes douleurs et mes états d’âme, aidée notamment par les outils acquis lors de cette formation. L’implication du conjoint dans le processus de guérison est loin d’être anodine!

Et elle a su comprendre mes douleurs et mes états d’âme, aidée notamment par les outils acquis lors de cette formation. L’implication du conjoint dans le processus de guérison est loin d’être anodine!

Guérisseur

En marge de la formation Simonton, j’apprends qu’un guérisseur qui a soulagé beaucoup de gens est de passage en Italie. C’est sans hésiter que nous prenons le train pour Milan. Cette première expérience est étonnante et me «parle» bien. Il m’initie à une méthode de méditation que je pratiquerai à raison de trois heures par jour et me donne des compléments alimentaires pour renforcer mon organisme.

Seulement voilà…

Depuis le début de cette maladie, des questions me taraudent: pour quelle raison cette maladie est-elle venue s’installer? Y a-t-il un lien avec mon vécu passé? J’en parle à mon oncologue qui n’est pas en mesure de me donner des réponses. Pour tenter d’identifier d’éventuels liens avec mon passé, je prends contact avec une personne pour m’aider à écrire en écriture automatique (psycho- phanie ou communication facilitée). Trois séances et sept pages plus tard, à la lecture de ce que j’ai écrit, je suis (complètement) «bluffé»: avec un phrasé étonnant et un style qui n’est pas le mien, des éléments de réponse me sont donnés. Je ne résiste pas à vous transmettre la dernière phrase écrite en guise de conclusion à ce paragraphe: «… Voulons te voir dans la détente et la confiance. Libère les énergies de gris laisse tomber le voile nous serons tous avec toi car ici notre but d’existence, c’est aimer et aimer sans relâche.» Dans ce cas, aucune argumentation n’est nécessaire pour ceux qui croient et pour ceux qui ne croient pas, aucune argumentation n’est possible! Pour commencer différentes démarches de détoxification, je trouve un bon dentiste qui enlève avec un maximum de protection tous mes plombages, vu leur toxicité.

À Colombier (Neuchâtel), je rencontre une médecin homéopathe et phytothérapeute exceptionnelle. Elle m’écoute et comprend mon projet de vie. C’est elle aussi qui, depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, supervise mes recherches et mes compléments alimentaires afin d’éviter redondances et contre-indications. Elle me propose également des thérapies complémentaires. Avec elle, je me sens épaulé et accompagné; ça m’aide énormément.

Je contacte la clinique Lukas, à Arlesheim, où la médecine anthroposophique est proposée en complément à la médecine traditionnelle. On y soigne le cancer notamment en utilisant des produits à base de gui. Je commence les injections, d’abord deux fois par semaine, puis cinq jours par semaine durant plus de dix ans.

Trois mois plus tard, mariage cadeau

Il a toujours été clair pour moi et ce, dès le début de la maladie, que même si je devais m’en aller à brève échéance, je m’en irais marié ! Début juin 2004, un immense cadeau se réalise : notre mariage. Et ce malgré le décès du papa de mon épouse (encore un coup dur) à l’aube de ce jour béni. Notre mariage est une fête de partage emplie de chaleur et de joie ; nous avons tous deux l’impression d’être portés. Quel bonheur de pouvoir vivre ce moment!

J’ai une pensée pour l’aumônière venue me visiter en mars durant ma première hospitalisation. Elle m’avait alors suggéré d’avancer la date de notre mariage: elle en avait vu tant d’autres partir avant! Petite victoire pour moi, pour nous deux. 

Le grand doute

Peu de temps après, je suis attendu au CHUV pour, selon le médecin, une opération lourde mais nécessaire. Il s’agit d’enlever le 70% du foie, en deux phases. Ceci afin d’atteindre un maximum de métastases. Je suis dans la peur. Je ne suis pas prêt à revivre une si grosse opération. J’entends bien ce que me dit le médecin. Pourtant, en contradiction avec les recommandations médicales et à la stupeur de tous, je demande le report de cette intervention. Je me questionne naïvement: existe-t-il des techniques moins invasives quelque part sur cette planète?

New York

Profitant du temps de pause créé par ce report, j’obtiens un rendez-vous avec un oncologue réputé de Manhattan, fondateur et président de la Gaynor Integrative Oncology. Le rendez-vous est dans deux jours! Les rapports médicaux (traduits dans la nuit) et le CD des images sous le bras, nous partons pour New York.

Ce médecin prend le temps de nous écouter, étudie le dossier et convoque ses collègues pour un colloque autour de mes images. Il nous invite à revenir le lendemain. Sa synthèse confirme alors la conclusion du CHUV: il n’y a pas de meilleur traitement, IL FAUT effectuer cette opération. Il précise par ailleurs qu’il tient en haute estime nos chirurgiens suisses ! Cette intervention ne suffira cependant pas, précise-t-il. Il me fait un soin énergétique et me donne des compléments alimentaires, également pour me renforcer dans cette perspective.

Nous avions dû annuler notre voyage de noces, c’est donc ce séjour à New York qui en tient lieu. J’apprécie d’avoir un peu de temps durant ces trois jours pour découvrir quelques originalités de cette ville.

«Lors de longues méditations en groupe et individuelles, je travaille sur mes peurs de la mort.»

Ré-opération

En juillet, je suis à nouveau à l’hôpital pour l’embolisation de la veine porte droite, suivie trente jours plus tard par l’hépatectomie du foie droit. Là aussi, je bénéficie d’une équipe exceptionnelle autour d’un chirurgien, un grand professionnel, bien à l’écoute et en même temps très direct; il sait donner des explications claires tout en cachant son humanité débordante! Heureusement, je supporte assez bien cette opération… peut-être aidé par mes démarches entreprises entretemps? Toutefois, les métastases n’ont pas pu être toutes supprimées et de nouvelles métastases apparaissent peu après.

Je repars dans la vie avec à nouveau des douleurs et quelques kilos en moins. D’ailleurs, pour la petite histoire, je suis devenu tellement maigre que je raconte à qui veut l’entendre que pour faire l’économie des coûteux scanners et autres IRM, il suffit de me mettre une bougie dans le dos et de regarder à travers depuis devant! Ce n’est pas très drôle, mais ça a le mérite de détendre l’atmosphère!

J’entame une série de séances de fasciathérapie liées aux cicatrices qui me traversent de la poitrine au ventre. Puis s’enchaînent les séances d’acupuncture. Cette thérapie aux multiples bienfaits me convainc rapidement et m’aide contre les douleurs. Je passe des heures et des heures, couché parfois dans des positions quelque peu inconfortables, avec des aiguilles partout. Ces différentes thérapies se prolongeront dans le temps. 

Les peurs de la mort

À cette époque, je médite toujours trois heures par jour: m’enveloppant de lumière blanche, j’entoure chacune des métastases pour ensuite les sortir (symboliquement) de mon corps. Lors de longues méditations en groupe et individuelles, je travaille sur mes peurs de la mort. « Nous devons tous mourir un jour», me direz-vous, mais quand cette réalité devient proche, le sens en est tout différent. Cette phrase ne peut plus être dite à la légère sans vraiment y attacher de l’importance et en peser les mots. Lorsque l’épée de Damoclès est réellement suspendue sur votre tête, la pointe touchant vos cheveux, vous n’avez qu’une envie: vous déplacer latéralement pour qu’elle tombe à côté!

Des heures de méditation plus tard et au fil du temps, je comprends que la mort physique dévoile une vie spirituelle dans une évolution continue. Cette évolution est inexorablement le fruit du temps infini. Nous autres êtres humains, hommes et femmes, sommes vraisemblablement des génies divins en voie de perfectionnement. Si mon âme passe d’une « habitation» à l’autre pour une évolution qui ne peut être que vers le bien, à un moment donné, le corps dans lequel j’habite ne me sera plus utile. Il me sera donc plus facile de m’en détacher. Je ne suis pas du tout pressé de mourir, oh certes non! mais avec cet état d’esprit – en tout cas pour l’instant –, la mort me fait moins peur.

Ces peurs apaisées soulèvent la question de mon existence et de ma mission principale, qui devrait être mon comportement face à la pratique du bien et mon devoir d’amour par rapport à la vie et à mon entourage. Tout a un sens et tout se rejoint! Je comprends maintenant les paroles de l’Abbé Pierre: «J’aime la vie et je ne suis pas pressé de mourir, mais je me réjouis de ce moment!» Merci de ne pas juger mes convictions, elles m’appartiennent! Elles sont devenues mes valeurs et mes «croyances élargissantes» qui me permettent d’aborder la suite avec un peu plus de sérénité; je me sens de mieux en mieux pour faire face à ce que j’ai à traverser!

Médium guérisseur

En janvier 2005, alors que les résultats des examens sont extrêmement inquiétants (le foie a bien repoussé, mais avec malheureusement de nouvelles métastases bien actives), nous partons voir un guérisseur. Ce médium reçoit beaucoup de monde chaque jour et ne refuse personne. Autour de lui, assises sur des bancs de bois, de très nombreuses personnes méditent pour elles-mêmes tout comme pour soutenir son travail. En entrant dans ces lieux, je sens une énergie très forte qui me provoque des picotements dans les mains et un sentiment perceptible de paix teintée d’amour. Ce médium est incorporé par des Êtres de Lumière et, au travers d’eux, il me regarde et me dit:

- Ça sera long, mais ça ira, et tu reviendras me voir encore trois fois.

Ces paroles sont les premières qui contiennent de l’espoir et du réconfort; elles me font un bien immense et me redonnent des forces. Nous y retournerons régulièrement jusqu’à la pandémie. Je n’ai jamais vu autant de malades au m2 et autant de sourires et de paix au m2, dans un lieu où il n’y a pas de place pour les futilités. Je me sens tellement bien dans cet endroit, porté par l’énergie du lieu. Je suis en paix et en confiance dans cette bulle que je pourrais qualifier de «vraie vie». Au fil du temps, je parle à mes guides spirituels (des Êtres de Lumière), je ressens l’énergie dans mes mains, mes bras. Durant les nombreuses demi-journées de méditation, et grâce au temps à disposition propice à la réflexion, c’est le bon moment pour écouter mes peurs, mes joies, mes ressentis, mes angoisses, mes besoins, etc., chose qu’avant la maladie je n’avais jamais faite. J’avais toujours privilégié le résultat et non l’énergie à mettre pour y parvenir. Là je commence par me poser et prendre du temps pour me recentrer. Je regarde ma vie en face pour changer bon nombre de mes pensées et en «dé-créer» certaines que j’avais faussement créées.

Je prends le temps d’entrer en relation avec ce cancer, cet immense iceberg. Force est de constater que je ne peux rien faire sans lui puisqu’il est en permanence avec moi. De plus, il adore se développer au travers de mes peurs, de mes émotions négatives ou de tout autre stimulus négatif. Plus je lui donne de l’importance, plus il adore. Les moments où je n’en peux plus, où j’ai envie de baisser les bras, il adore. D’ailleurs, dans son livret Allô cancer, je t’écoute ! la Dre C. Munday (oncologue) décrit très bien ce fonctionnement à propos de la peur et du cancer: «La peur développe des transmetteurs au fond de toi. Cette peur peut modifier tes cellules, ton biotope interne… Tes cellules baignent à gogo dans ce biotope appelé substance fondamentale.» Je pense souvent à cet aspect des choses, puis je me donne une tape amicale dans le dos en me disant: «Fonce, ris, aime, vis, bouge, tes projets et tes passions te sont salvateurs». Et mes cellules pétillent de joie!

Autres thérapies alternatives, autres expérimentations

Les années qui suivent sont ponctuées de scanners, au début tous les trois mois, puis tous les six mois, avec leur énorme lot d’angoisses et de nuits sans sommeil depuis dix jours avant l’examen et jusqu’au résultat. Aucune rémission n’est au rendez-vous. J’aurais pourtant tellement envie que ces métastases disparaissent de mon corps; je vivrais l’esprit bien plus tranquille! Les contenir est déjà un miracle en soi. Pour continuer à faire face au mieux, je recherche et pratique différentes thérapies pour tenir le coup et me renforcer. Jour après jour, je continue les thérapies alternatives déjà commencées, en y ajoutant d’autres choses comme l’alimentation selon Kousmine, la radiesthésie, les soins par résonance cellulaire, etc.

Une thérapie qui me paraît intéressante m’emmène dans la région de Zurich, au Dr Clark Centrum, pour une petite formation sur divers appareils comme le Zapper, un appareil de fréquences, mais surtout sur la cure du foie du Dr Clark, appelée aussi «nettoyage du foie et de la vésicule biliaire»; c’est, disent-ils, la cure la plus puissante pour que je puisse améliorer la santé de mon corps. C’est également la cure de nettoyage interne la plus connue du Dr Clark, car ses résultats sont visibles (les déchets éliminés) et ses effets parfois immédiats (amélioration de l’état général). D’après la littérature, le Dr Clark a amélioré la santé de milliers de patients avec cette méthode. Beaucoup de personnes adeptes de cette cure de nettoyage ont aussi témoigné de son efficacité. Alors go! À la réception d’un gros carton, je commence cette cure sur vingt et un jours qui, rapidement, devient difficile par le nombre impressionnant de gélules à prendre empiriquement – jusqu’à une centaine pour le pire jour – puis dégressivement. Le plus dur est d’absorber non pas les produits, mais les gélules en elles-mêmes, chaque fois avec de l’eau. Je sature, j’ai le ventre qui gonfle à fond. Du coup, après m’être renseigné sur cette possibilité, j’ouvre une partie des gélules pour en mélanger le contenu à une purée ou autre; certaines ont tellement mauvais goût que j’en vomis presque. Mais bon, la cause en vaut la peine!

La chromopuncture, avec les contrôles au travers des photos Kirlian, ainsi que l’acupuncture, sont des techniques qui me parlent beaucoup. Il semble que ces thérapies sont favorables contre le cancer. Je fais donc des séances une fois par semaine durant différentes périodes jusqu’à six mois. Ces séances, en plus d’aider à éliminer les douleurs, font du bien à mon moral parce qu’elles font sens par rapport à mes objectifs de renforcer la partie saine de mon organisme pour mieux pouvoir faire face à la maladie.

La thérapie ayurvédique a, semble-t-il, une bonne presse contre le cancer. Avec la préparation d’un médecin en Suisse, je me rends en Autriche pour un Panchakarma (les coûts sont moindres) à la frontière de la Tchéquie dans une ancienne écurie à chevaux d’un château transformé. Cet endroit est idyllique au milieu de nulle part, dans une forêt sauvage de toute beauté. Un séjour remarquable, un bien-être total, une nourriture exceptionnelle, une détente complète. Si les effets sur ma santé physique n’ont pas été au rendez-vous, les effets sur le bien-être psychique ont dépassé mes attentes.

En tant que « fouineur» passionné, j’ai rapidement aussi été intéressé par la biorésonance. Ces appareils basés sur le principe de la médecine quantique sont passionnants par leur principe holistique, où l’on travaille sur tous les plans. C’est presque un nouveau paradigme, une nouvelle manière de voir les choses. Je ne sais pas si c’est l’un des systèmes de médecine énergétique du futur ou non, mais il est intéressant et je le pratique. Après de nombreuses séances d’analyses et de soins chez des thérapeutes, j’acquiers finalement un appareil qui me permet de faire une analyse régulière de mon état de santé chez moi sur l’ensemble de mes paramètres par le biais de 39 bulletins et une synthèse. Chaque bulletin comprend un groupe de paramètres s’y rapportant. En voici quelques exemples au hasard: le 1er «cardio-vasculaire et cérébro-vasculaire», le 4e «fonction de foie», le 15e «oligo-éléments», le 16e «vitamines», le 22e «thyroïde», etc. Il est clair que ces résultats ne remplacent pas des analyses médicales plus poussées, mais ils ont le mérite de donner des pistes intéressantes. Dans le cadre de thérapies auditives douces, Mental Waves propose des enregistrements qui ont pour vocation la thérapie alternative préventive ou curative afin d’explorer des états peu ordinaires de conscience. Les enregistrements Mental Waves émanent directement de la stimulation neuro-dynamique, des techniques de la neuro-intelligence et neurothérapie. Des stimuli sonores sont intégrés aux musiques ou ambiances musicales. Ces stimuli, appelés bruits blancs, permettent «d’entraîner» les ondes cérébrales pour les amener vers tel ou tel niveau de conscience. Avec des petites enceintes de bonne qualité, j’ai écouté, par exemple, les fréquences sacrées à 528 Hz, les fréquences de Schumann ou d’autres fréquences de guérison par périodes de 2 à 3 fois trente minutes par jour pendant environ trois ans. Aujourd’hui, j’y ai recours plus occasionnellement au gré de mes envies, de mes besoins et de mes ressentis.

L’approche Beljanski m’apparaît également comme une évidence; certaines molécules naturelles anticancéreuses extraites de deux plantes, comme le Pao pereira et le Rauwolfia vomitoria, vont rapidement faire partie de ma médication naturelle. J’en profite pour exprimer ici ma révolte face au système qui a provoqué la chute et la fin du Pr Mirko Beljanski dans les années 2000.

Entretiens chocs

Un jour, lors d’un entretien après le scanner, mon oncologue me dit tout de go:

- Mais, Monsieur Muller, j’ai l’impression que vous voulez guérir, il faut vous enlever ça de la tête!

«Ma rage de vaincre l’emporte! Je décide d’accepter l’offre. Je prends rendez-vous pour une intervention dans les jours suivants. La suite est quasiment digne d’un film d’action ou d’un western à l’italienne!»

Sur le moment, tellement abasourdi, je ne peux répondre à cette affirmation. J’aurais pu me fâcher, mais bien au contraire, c’est tellement choquant que c’est un élément moteur qui décuple ma force et ma détermination à ne jamais abandonner. Avec le recul, je remercie ce médecin… mais heureusement que je n’ai pas un caractère dépressif! Ce n’est qu’en essayant, en testant, en expérimentant vraiment ces pratiques que je peux savoir si elles sont bienfaisantes pour moi ou pas. Je ne veux jamais avoir à me dire «j’aurais dû».

Une autre fois, ce même médecin m’a aussi déclaré:

- Vous perdez votre temps et votre argent avec toutes ces démarches.

Comme si de l’argent sur un compte en banque m’aurait été plus utile une fois dans la tombe!

Radiofréquences

En 2006, une nouvelle narcose pour une radiofréquence. L’intervention se passe bien, mais je me plains de fortes douleurs dans le thorax. Ni le chirurgien ni l’oncologue n’ont d’alternatives pour éradiquer ces douleurs. Je me rends alors à Berne chez un thérapeute qui pratique la thérapie neurale. En trois séances les douleurs disparaissent. Il arrive encore aujourd’hui que j’aie quelques douleurs réminiscentes, mais cela n’a rien à voir et c’est supportable; au surplus elles ne durent pas.

En 2007, c’est reparti pour une nouvelle radiofréquence. Tout se passe également bien… avec une surprise hors hôpital. Je m’explique: en entrant à l’hôpital, j’apprends qu’un groupe de prière s’est formé pour moi comprenant des amis, des amis de mes amis, et un monastère de sœurs. Ce groupe s’est même rapidement propagé et s’est élargi dans différents endroits de Suisse et de France. Et vous ne me croirez peut-être pas (cela je peux le comprendre), mais après ladite radiofréquence, je me suis réveillé en pleine forme comme si de rien n’était et j’aurais pu sortir de suite. Aujourd’hui encore je remercie tous ces gens qui se sont joints à ce groupe de prière.

Quelques mois plus tard, je commence à me demander si ces radiofréquences étaient probantes pour moi. Si la radiofréquence a été d’une redoutable efficacité sur le moment, peu de temps après, de nouvelles métastases sont apparues. Je me retrouve avec un nombre égal, voire supérieur, de lésions après chacune de ces interventions. C’est comme si le fait d’intervenir dans ce milieu favorisait le déclenchement de l’activité métastasique. Je souhaiterais aborder cette hypothèse lors des entretiens semestriels après scanner ou IRM. Mais le médecin présent lors de ces entretiens n’est jamais le même. Il n’a pas suffisamment de temps pour évaluer la situation. D’ailleurs, il ne m’écoute pas vraiment.

Western à l’italienne ! Rome

Parmi les nombreux livres qui essaient d’apporter une réponse au problème du cancer, Le cancer est un champignon, écrit par un oncologue italien controversé, se distingue par sa simplicité et sa théorie inédite. Il n’est vraisemblablement pas du goût de la communauté scientifique, seulement voilà, dans ma situation et dans l’urgence, et au vu du manque cruel de possibilités de traitements pour mon cas, cette solution m’interpelle. Je décide donc d’appeler ce médecin, d’autant plus que le produit est simple, connu, et qu’il semble ne pas produire trop d’effets secondaires indésirables. Nous convenons d’un rendez-vous. Quelques jours plus tard je suis chez lui à Rome.

Il m’explique que pour le moment le bicarbonate de sodium (en solution à 5 % ou à 8,4 %) serait le seul remède capable de faire disparaître complètement les tumeurs ou les métastases. Il m’informe également que pour obtenir le maximum d’effet destructeur, le bicarbonate de sodium doit être amené au contact direct des tissus concernés. Il doit donc poser un cathéter dans le bras, sur l’artère qui irrigue le foie. Je réfléchis, j’évalue les risques, je prends en compte le fait que ce médecin n’a plus le droit d’exercer… Ma rage de vaincre l’emporte! Je décide d’accepter l’offre. Je prends rendez-vous pour une intervention dans les jours suivants. La suite est quasiment digne d’un film d’action ou d’un western à l’italienne! Nous arrivons avec mon épouse à Milan un lundi matin chez ce médecin atypique qui nous emmène dans un monastère de sœurs. Il nous explique: comme il est radié de l’ordre des médecins, aucune clinique n’acceptera un de ses patients. Installés dans un monastère qui appartient au Vatican, nous ne sommes plus sur le territoire italien. Pour la pose du cathéter aussi il faut ruser: nous nous rendons durant la pause de midi dans un centre de radiologie. Comme c’est fermé, le rideau métallique est tout juste suffisamment relevé pour nous laisser passer. Le chirurgien et un technicien arrivent incognito sur un scooter avec le matériel nécessaire. Le cathéter en place et de retour au monastère, les injections peuvent commencer. À chaque fois, il s’agit de faire passer un demi-litre de bicarbonate de sodium dilué : le produit ne passe pas très bien, c’est douloureux, nous arrivons néanmoins à faire les injections. Trois jours plus tard, rentrés à la maison, c’est mon épouse – « formée» par ce médecin – qui m’injecte la dose quotidienne de bicarbonate. Au bout de quelques jours, l’artère ne laissant plus passer le produit, les injections deviennent vraiment trop difficiles. Un contrôle médical met en lumière que ladite artère est bouchée à 90%. In extremis, donc! Nous devons arrêter le traitement et, du coup, faire enlever le cathéter.

Aujourd’hui, même si les effets escomptés ne sont que partiellement atteints à cause du faible nombre d’injections possibles, je garde malgré tout un bon souvenir de cette expérience atypique.

Bruxelles

Toujours à la recherche de solutions pour me renforcer, ma prochaine aventure se passe en Belgique, où m’amène la découverte d’une nouvelle thérapie : la stimulation vibratoire des cellules nerveuses du cerveau par les couleurs et la lumière. Le thérapeute démontre que les couleurs vues par une personne atteinte du cancer sont légèrement différentes que les couleurs vues par une personne saine. L’objectif est de redonner au cerveau la fonction des couleurs originales et « désinscrire la fonction maladie». Je m’envole pour Bruxelles et me rends au cabinet de ce fameux thérapeute qui, sur d’immenses écrans, me fait passer toute une batterie de tests visuels afin de déterminer les différences à corriger. Les graphiques, parfois difficiles à décrypter, montrent bien les différences et en fin de journée je repars avec un paquet de programmes à regarder durant une demi-heure trois fois par jour et ce, pendant six mois. Ces programmes sont des jeux de lumière stroboscopiques de couleurs différentes par cycles de temps déterminés. Je m’y attelle assidûment. Il est difficile de pouvoir en décrire les effets, car cela se passe sur un plan subtil; je pars du principe que cela ne peut que me faire du bien…

Je continue mon chemin… heureux d’être en vie

Par le biais d’une amie très chère, infirmière, je suis reçu par un oncologue indépendant à Neuchâtel. Nous parcourons ensemble le dossier et je lui fais part de mes observations. C’est un homme de caractère jovial et passionné, ce qui me convient bien. Rapidement nous avons une bonne entente et nous partons sur l’idée de commencer des injections de Sandostatine à raison d’une fois par mois. Ce traitement a pour but d’inhiber la croissance des cellules cancéreuses et de diminuer mes diarrhées.

Un thérapeute avec qui je suis en contact me rend attentif au fait que l’équilibre hépatho-intestinal est primordial pour notre santé et notre immunité. Il m’apparaît donc nécessaire de faire une bonne détox pour le binôme foie et intestins. J’opte pour la pratique des lavements de café vert. J’achète donc du café vert bio et je commence le traitement à raison de trois fois par jour. La préparation est assez sympa puisque ça sent bon le café dans toute la maison. Comme j’aime les défis et que j’aime aussi m’amuser, je fabrique et installe à côté du lit un petit appareillage qui fait monter le pot contenant le café à mesure qu’il se vide, permettant ainsi un écoulement continu et régulier! 

Dix ans sans intervention chirurgicale, mais avec toutes mes démarches !

Je ne sais pas si c’est l’effet de la Sandostatine, du bicarbonate de sodium, du gui de la clinique Lukas à Arlesheim et/ou de toutes les autres thérapies que je continue de suivre, mais il n’empêche que la dizaine d’années qui suit est relativement tranquille, voire bénéfique. Globalement, les métastases restent assez calmes. Leur nombre baisse même, passant de 6 à 3, sans intervention chirurgicale aucune. C’est exceptionnel! Quelle victoire! Je vous laisse imaginer…

Alors qu’au fil de ces années je reste attentif à mon alimentation, que je poursuis des thérapies comme l’acupuncture, la biorésonance, le travail énergétique et mental, que je rends régulièrement visite à des guérisseurs, je consacre avant tout et surtout du temps aux activités qui me font plaisir, qui me font du bien. Le ski en hiver; le reste de l’année, balades en montagne avec leurs cabanes, sorties avec le club des voitures anciennes, une réelle passion qui ne date pas d’hier. Je fais du coaching. Je construis quinze voitures motorisées électriques à l’échelle deux tiers (dont deux ont couru au Mans!). Je prends la direction de la nouvelle Association pour le sauvetage du magasin bio d’Echallens en faillite et le rends prospère. Et il convient de mentionner aussi la reconstruction de l’ancienne forge de mon village, un ancien bâtiment datant d’environ 1790 totalement en ruine, qui a commencé sa nouvelle vie passagèrement en tant que galerie d’art et qui est maintenant loué durablement. Ces projets réalisés durant ces quelques dernières années m’ont tous passionné et m’ont aidé à sortir mentalement de la maladie.

Petit coup de gueule

À ce stade de l’exposé de mon parcours, je souhaiterais insister sur quelques points qui me semblent critiques:

- Les entretiens médicaux limités à vingt minutes imposés par le système LAMal sont difficiles à vivre. Il est impossible de rentrer dans le détail, de discuter, de comprendre. De plus, à l’hôpital, ce sont toujours de nouveaux médecins qui ne connaissent pas les antécédents du patient (même s’ils ont leur dossier). Nous ne parlons pas ici de jambe cassée, mais d’une maladie qui entame le processus vital. Et avoir vingt minutes tous les six mois pour en parler n’est pas acceptable! C’est pourquoi j’ai un autre oncologue à Neuchâtel avec lequel je dissèque les divers rapports pour mieux les comprendre et ce temps pris pour «comprendre» est important pour mon processus de guérison.

«Les entretiens médicaux limités à vingt minutes imposés par le système LAMal sont difficiles à vivre.»

- Les assurances payent tout ce qui concerne l’allopathie, mais quasiment toutes les thérapies et médications complémentaires que j’ai faites ou prises durant toutes ces années ont été à ma charge. Pour financer tout cela, j’ai dû vendre un certain nombre de biens (dont trois voitures anciennes) et utiliser mes économies. Ma retraite n’étant pas suffisante, mes réserves ont la fâcheuse tendance de fondre comme neige au printemps… et il fait très chaud!

Je trouve dommage (et le mot est bien faible) que – même avec une assurance complémentaire – lorsqu’aucun traitement n’est possible, les assurances ne rentrent pas en matière pour une aide en thérapie naturelle ni en compléments alimentaires. Il y aurait là vraiment du travail ainsi que des réflexions à mener. Également sur la prophylaxie…

L’anticonsentement libre et éclairé !

En 2017, il n’y a plus que trois métastases qui, même si l’une d’elles grossit très lentement, ne sont pas très actives. J’en suis bien heureux. Lors d’un rendez-vous de contrôle, un chirurgien, par ailleurs professeur, un grand gaillard imposant avec une force de persuasion bien présente, m’affirme qu’une des métastases est mal placée, trop au bord du foie. Il veut donc l’éliminer par une radio- embolisation (Sirt). Sachant qu’après chaque intervention le nombre de métastases avait augmenté, je ne suis pas d’accord de faire cette intervention. Le professeur balaie cet argument du revers de la main et m’affirme qu’il n’y aura pas de nouvelles métastases après l’intervention. Il ajoute que c’est la seule solution possible et qu’elle est obligatoire. Il me fait comprendre que ma décision est une mauvaise décision. Il insiste avec une forte prise de pouvoir. Je ne me sens pas écouté du tout. Je suis tel un petit garçon qui se fait rabrouer par son enseignant.

Après avoir réussi à faire reporter deux fois l’intervention, sur son insistance et son affirmation qu’il n’y aura pas de nouvelles métastases, je finis par accepter. Pendant l’intervention, j’ai l’impression d’être le personnage test d’une procédure. Aux résultats des scanners suivants, les métastases ont passé de trois à huit et même finalement à douze. Stupeur! Désespoir! Je veux en reparler avec ce (fameux) chirurgien, professeur, à qui j’ai fini par faire confiance malgré moi. Il botte en touche toutes mes remarques et met fin à l’entretien. Quel gâchis! Quel gâchis humain et médical. 

Un genou à terre

Je suis dans une situation très délicate, la colère gronde, un chirurgien qui disparaît, qui continue sa vie en toute quiétude et mon risque vital qui est à nouveau élevé. Qu’est-ce que je fais avec ça? Tout ce travail pendant des années pour en arriver là! Je déprime, j’enrage. Le fait qu’une métastase, parmi toutes les autres supplémentaires qui sont apparues suite à cette intervention, a migré sur le pancréas me terrifie!

Je pense tous les jours à ce chirurgien, à ce professeur, qui m’a «trompé». Pendant longtemps, je me pose la question de comment intervenir. Mais j’ai besoin de toute mon énergie pour agir en faveur de ma santé; je ne veux pas m’investir dans des procédures; je ne veux pas me battre à ce niveau-là.

Au vu de l’ampleur des dégâts, je commence à prendre une chimio orale (Afinitor; c’est la première fois que finalement une chimio s’avère possible pour moi!), avec les effets secondaires qu’elle occasionne: notamment zona sur la tête, les joues, les coudes, des aphtes gênants et douloureux. Après différents essais de produits allopathiques, c’est finalement avec du bicarbonate de soude appliqué directement sur les aphtes que j’en viens à bout; procédé que j’utilise chaque fois qu’ils reviennent; il faut juste s’accrocher pour ne pas traverser le plafond, tellement ça fait mal! En raison des effets secondaires si pénibles, je décide de partager la dose d’Afinitor en deux et de la prendre à raison de 1/2 deux fois par jour; ainsi le volume journalier est identique mais partagé, ce qui permet une moindre agressivité, donc moins de zona et moins d’aphtes. Ce principe est validé ultérieurement par l’oncologue, qui trouve par ailleurs que c’est une bonne idée!

Pour couronner le tout, à la même période une polyneuropathie s’installe. Effet secondaire de la chimio? C’est très douloureux. Des séances de cryothérapie en immersion complète dans une cabine à –80°/–93° apaisent partiellement les douleurs et améliorent l’énergie. Évidemment, tout cela est encore et à nouveau à mes frais.

Recommencer…

Il m’est difficile de me relever de ce coup dur, mais le temps de la rancœur est terminé. Je n’oublie pas et j’en tire l’enseignement adéquat. Ce qui est fait est fait, je me relève et je recommence. 

Suivi médical : Pour mieux me faire comprendre lors des entretiens suivants avec un oncologue, je reprends l’ensemble des rapports de scanners et d’IRM depuis 2004 pour en faire un graphique démontrant l’évolution des métastases et les pics après les interventions. Déterminé, j’écris à la direction du CHUV et au service d’oncologie pour demander mon transfert dans le Centre des tumeurs neuroendocrines, ce qui est fait. Puis, pour étayer mes propos, j’apporte les preuves de l’évolution des métastases à l’aide du graphique que j’ai réalisé et qui, sur une seule page, démontre la réalité de ma situation. Depuis lors, un médecin chef attitré me reçoit et c’est fort appréciable. J’ai également contact avec une infirmière de liaison qui est très à l’écoute et cela fait du bien. À la suite des entretiens avec l’oncologue, elle revient sur mes questionnements jusqu’à ce que tout soit OK pour moi. Et, cadeau inestimable, je peux toujours l’atteindre en cas de besoin.

De mon côté: Toujours à l’affût de ce qui peut me faire du bien, je découvre un nouveau livre en anglais, dont le titre accrocheur retient toute mon attention: Comment stopper votre cancer métastasé, de Marie Joe Parker. Pour mieux le comprendre, je fais traduire les 200 pages du livre par un traducteur électronique professionnel en Turquie et je le fais imprimer et relier en France à quelques exemplaires.

La clé de voûte de ce processus est le régime cétogène. Le protocole se fait en trois phases : la première phase a pour but d’arriver en cétose, la deuxième phase comprend la prise de Glucovance tout en conservant la cétose, et la troisième phase consiste en l’utilisation de 2-Deoxy Glucose pour écraser les métastases tout en étant avec une glycémie extrêmement basse.

Avec un médecin, nous organisons une petite équipe de cinq patients intéressés. Je nous prépare un cahier de travail pour le suivi du processus et l’enregistrement des données, je fournis à chacun une version imprimée de la traduction du livre. Il nous est difficile de nous procurer les produits, mais finalement on peut commencer le processus. En cours de route, deux personnes se désistent et nous finissions à trois, à « nous soutenir parmi». La démarche est astreignante et difficile, surtout les trois dernières semaines (sur les dix semaines que dure le traitement). Le régime cétogène ne me convient pas tellement car trop riche, trop gras, mais il a l’avantage d’être vraiment sans sucre. Je fabrique mon pain cétogène. Au scanner de contrôle suivant, on peut remarquer une bonne stabilité de la maladie.

2022. Soit dix-huit ans plus tard…

Durant ces dix-huit dernières années, j’ai rencontré passablement de médecins, de soignants, de thérapeutes, qu’ils soient des esprits ouverts ou fermés, ils sont tous là devant moi, tous avec leurs différences, leurs convictions, leurs stress en général et devant la course contre la montre, leurs modes de pensée, leurs savoirs, leurs réactions. J’ai également pris conscience que le patient ne peut être assimilé à sa maladie mais reste une personne tout entière et que ladite maladie n’est pas que localisée mais a des répercussions mineures et/ou majeures sur l’ensemble de son corps; elle l’affecte dans la globalité de son être physique, éthérique et spirituel.

La maladie est toujours présente. Vigilant, je l’apprivoise au quotidien pour tenter de la rendre la plus inoffensive possible. Cependant, je vis quasi normalement. Je suis conscient de ma chance, je l’apprécie, comme j’apprécie les échanges intéressants et amicaux avec les personnes que je rencontre dans ce processus, qui m’amènent un bien-être positif. Je m’autorise à vivre mes ressentis, mes sentiments, des larmes jusqu’à la plus grande joie. Je réussis à me distancer des personnes dont le mode de pensée ou de réagir ne me correspond pas. J’appelle ça «les bénéfices de la maladie».

Je vis toutefois aussi avec une certaine souffrance morale, celle d’être «différent», malade, et de ne pas pouvoir tout faire comme les autres: certaines choses doivent s’anticiper, s’organiser. La douleur physique, je peux la gérer, j’ai appris à le faire. La douleur morale est plus compliquée: je suis devenu tellement plus sensible. Certaines remarques (notamment des gens qui me voient dans des moments en forme) me touchent, me font mal. Même si parfois je me cache derrière le masque du sourire et de la bonne humeur, mon esprit est souvent préoccupé, car cette maladie n’est pas anecdotique. Elle occupe d’ailleurs beaucoup de mon temps, au quotidien (les rendez-vous médicaux et thérapeutiques, les contrôles, les examens, les soins…).

Ce qui a profondément changé, c’est ma relation avec Dieu. Je suis plus proche de lui au quotidien. Et je suis dans la gratitude. Depuis le changement radical que la vie m’a imposé, j’ai compris que si je vivais une nouvelle vie en me comportant comme je me comportais dans celle d’avant, alors cette nouvelle vie serait semblable à celle que j’ai quittée! Ce serait comme si je n’avais rien changé. Grâce à ce changement radical, j’ai déposé les armes et l’armure de mon ancienne vie faite de compétition, j’ai amélioré ma

«Qu’importe le type de relations: médecin-médecin, médecin-patient, thérapeute-patient, le chemin pose la rencontre clairement au centre de l’action humaine.»

qualité de vie et mon ouverture d’esprit. Si j’avais continué mon train de vie d’avant, je n’aurais pas développé ma spiritualité. 

Les choses changent/ évoluent/bougent

Depuis peu, une toute nouvelle Cellule de santé intégrative est née au sein du Service d’oncologie du CHUV. Pour la première fois en dix-huit ans, j’ai pu déposer sur la table l’ensemble de mes compléments alimentaires ainsi que la liste détaillée du contenu de mes repas! La doctoresse qui me reçoit en a fait une analyse détaillée et m’a suggéré des thérapies alternatives. En pensant à Neil Armstrong, on peut dire que « la Cellule est petite, mais c’est une grande avancée pour les patients»! À nous, patients, de valoriser cette approche, de la faire vivre en étant des acteurs responsables et dynamiques, car nous avons là une grande opportunité loin des rendez-vous de vingt minutes.

Sous l’impulsion de l’infirmière de liaison, je fais partie d’un petit groupe de travail financé par la Fondation Victory Net, qui prépare un projet où des patients apporteront leur oreille et leur vécu à des personnes venant d’apprendre qu’elles sont atteintes d’un cancer. Je suis également impliqué dans un passionnant projet de santé intégrative sous l’égide de la Fondation Leenaards. Ce projet ambitieux a pour objectif d’élargir la prise en charge du patient en le mettant au centre et en intégrant les différents domaines de la santé dans une vision globale. La phrase est courte, mais les implications sont énormes! Bien entendu, le patient a lui aussi sa part de travail et de réflexion à accomplir pour œuvrer à sa bonne santé.

Aujourd’hui

La mémoire est fragile, le cours de ma vie de patient est mouvementé. Tout se passe si vite qu’il est difficile de décrire tous les événements et ce qui leur est lié depuis le début de la maladie en 2004 jusqu’à aujourd’hui! J’ai livré dans ce texte les différents événements qui me sont venus en tête. J’en ai vraisemblablement oublié certains et n’en ai pas mentionné d’autres considérés comme trop anodins. Tout au long de mon parcours, mes choix n’ont pas été guidés par mes inexistantes connaissances en médecine, mais par mon instinct, mon bon sens et par ma curiosité en me posant les questions: ceci peut-il être bon pour ma bonne santé? Et est-ce anticancer? 

À ce jour, je considère que toutes mes démarches, même les plus folles, et les compléments alimentaires que j’ingère, apportent chacun leur petite pierre à l’édifice. D’efficacités diverses, ils ont le mérite de me faire avancer sans regrets et de m’aider à y croire. C’est l’ensemble du processus qui contribue à ma bonne santé, à ce que mon état général reste plutôt bon. Je retiens que peu importe le moyen thérapeutique choisi, classique, alternatif, spirituel ou hors normes, ce qui est important est d’y croire à 100%, notre subconscient ne tolérant pas les doutes. C’est pourquoi je trouve important d’aligner mes pensées et mes actions… sans parler de l’effet placebo! Je suis un curieux, un multipassionné. J’ai toujours beaucoup de projets. J’ai raté mon permis de chaise longue… C’est un projet que je vais remettre à mon programme!

Si j’osais dire…

Ces dix-huit dernières années m’ont permis de faire un long voyage au pays des thérapies de toutes sortes, parfois exotiques; j’y ai vécu des aventures fascinantes, drôles, difficiles ou bouleversantes. Un large tour d’horizon des résistances, des sentiments, des joies, des questionnements, et de riches rencontres. Une grande aventure dans mes recherches individuelles avec leur lot de questions et de réponses… ou de non-réponses! Je m’interroge continuellement et je chemine, donc j’avance, et j’ai découvert la valeur de la vie que je célèbre autant que possible. Et la vie continue… bien heureusement!

En sus des traitements dits «standards» et afin qu’ils soient plus complets, il me paraît essentiel d’intensifier en parallèle l’accompagnement du patient dans sa globalité (physique et psychique) et de favoriser une prise en charge des parties saines susceptibles de soutenir le travail de guérison. Il est également plus qu’essentiel que la prise en charge dans le cadre du concept global (médecine intégrative) intègre les grandes questions du patient, ses tourments, ses peurs, et surtout le sens de la vie. Chaque patient est différent et chacun vit son épreuve autrement.

Qu’importe le type de relations: médecin-médecin, médecin- patient, thérapeute-patient, le chemin pose la rencontre clairement au centre de l’action humaine. Ces années de patient proactif mettent en lumière que nous sommes face à un grand défi à venir, qui est la collaboration active, désintéressée, chaleureuse, en pleine conscience, entre d’une part un professionnel de la santé qui se positionne comme un guide, qui ouvre les portes, fait des propositions sans prise de pouvoir, qui aide le patient à rester maître de son navire et l’encourage à s’approprier les commandes de sa propre histoire de vie et, d’autre part, un patient qui s’investit pour soigner, en conscience, sa bonne santé. Dans cette vision des choses, la triade corps-âme-esprit est respectée équitablement.

J’ai intitulé mon témoignage «Aller-retour au cœur de l’espoir», ce qui sous-entend de multiples voyages entre l’espoir et son contraire. À l’heure où j’écris ces lignes, l’aiguille du temps s’est arrêtée sur l’espoir. Rien n’est sûr, mais tout est possible! 

Merci la Vie. Vive la Vie! 

«Je m’interroge continuellement et je chemine, donc j’avance, et j’ai découvert la valeur de la vie que je célèbre autant que possible.
Et la vie continue… bien heureusement!»