La science explore l’idée que la conscience humaine n’est pas située dans le cerveau
Texte: Francesca Sacco
On parle d’expérience de mort imminente (EMI) lorsqu’une personne en état de mort clinique ou de coma avancé rapporte ensuite avoir vu, entendu et/ou ressenti des choses alors que son cerveau affichait un encéphalogramme plat ou qu’elle était en arrêt cardiaque. Quant au vécu subjectif de contact avec un défunt (VSCD), il se rapporte à la sensation d’avoir «reçu la visite» d’un proche décédé. «Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui, après avoir perdu quelqu’un, disent qu’elles ont fait une expérience de ce genre», a déclaré Christophe Fauré, qui étudie ces phénomènes depuis bientôt vingt ans. Aucune explication rationnelle n’a été apportée pour les éclairer. La science parvient difficilement à les expliquer de façon satisfaisante.
Dans le cas des VSCD, les personnes racontent avoir senti la «présence indéniable» d’un proche décédé, avec des perceptions qui peuvent être tactiles, visuelles, auditives et/ou olfactives. Elles perçoivent devant elles l’être cher, entendent sa voix, le frôlent. Il arrive aussi que le défunt soit un inconnu, ou quelqu’un dont on ne sait pas encore qu’il est mort. Par exemple, certaines personnes disent avoir été réveillées en pleine nuit par l’apparition d’une connaissance dont elles ont appris le lendemain qu’elle était décédée à ce moment-là. Autre exemple: un individu à l’approche de la mort voit apparaître un proche décédé qui vient lui parler. L’une des hypothèses émises serait que la personne en fin de vie serait simultanément dans la dimension des vivants et dans celle des morts.
Un apaisement profond
«Ces phénomènes ne sont pas des hallucinations», a précisé Christophe Fauré. Les études scientifiques permettent d’exclure un rapport de cause à effet avec la présence d’un trouble psychique ou avec la consommation de substances psychotropes. Les recherches montrent également que les VSCD sont toujours très brèves – entre quelques secondes et quelques minutes. Enfin, il semble qu’il ne soit pas possible de provoquer de telles expériences, par exemple en cherchant volontairement à entrer en contact avec un défunt ; elles surviennent de manière inopinée, et souvent lorsqu’on s’y attend le moins: au calme chez soi, lors d’une promenade en silence dans la forêt…
En tous les cas, ces phénomènes paranormaux ne sont plus considérés comme des histoires extravagantes par la communauté scientifique. Il existe en Suisse une association pour l’étude des expériences de mort imminente (Swiss-IANDS) et, en France, un Institut de Recherche en Expériences Extraordinaires (INREES), lequel a créé un réseau de professionnels de santé chargé de récolter des témoignages. Toutes ces recherches contribuent à donner du crédit à l’idée selon laquelle notre conscience survivrait à notre mort physique: elle ne serait pas située dans notre cerveau, mais «non-localisée». Ce qui lui permettrait, un peu à l’instar de nos données numérisées, de rejoindre après notre mort le Cloud de l’Univers…
À propos du conférencier:
Psychiatre et psychothérapeute à Paris, Christophe Fauré a commencé à travailler dans le domaine des soins palliatifs en 1989. Il est reconnu en France comme un expert de référence en ce qui concerne l’accompagnement des personnes en fin de vie et des personnes en deuil.
(*) "La nature de la conscience à l'épreuve de la science", conférence donnée dans le cadre de la journée cantonale des soins palliatifs organisée conjointement par la Direction générale de la santé du canton de Genève, l’association Palliative Genève, le Service de médecine palliative des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Institution genevoise de maintien à domicile (imad). Plus d'informations ici