Des aiguilles pour une grossesse plus confortable

Tableau 1
Thématiques identifiées
Parmi elles, l’acupuncture traditionnelle chinoise a une efficacité démontrée sur la réduction des douleurs lombaires ainsi que des nausées et vomissements3-5 et améliore la qualité de vie des femmes enceintes5, sans effets délétères observables sur le fœtus.1 La littérature privilégie souvent une approche quantitative, se concentrant sur des symptômes spécifiques. Bien que ces études fournissent des résultats cohérents, elles sont parfois anciennes et souvent limitées par de petits échantillons et un niveau de preuve insuffisant. La littérature qualitative, minoritaire, se concentre sur l’Australie et la Nouvelle-Zélande3,4 et comporte des lacunes importantes, notamment concernant les motifs de recours à l’acupuncture. De ce fait, il nous semble important d’élargir la recherche pour mieux comprendre les attentes des femmes enceintes quant à cette médecine en Suisse. Notre question de recherche est donc : pour quelles raisons les femmes enceintes se tournent-elles vers l’acupuncture ?
Méthode
Nos objectifs étaient de clarifier les motivations et attentes des femmes enceintes vis-à-vis de l’acupuncture, de décrire comment elles ont été orientées vers cette pratique, ainsi que d’examiner les facteurs influençant leur choix. Nous avons étudié la littérature, médicale et grise pour mieux contextualiser la question de recherche. Ensuite, nous avons mené des entretiens semi-structurés avec différents acteurs impliqués, pour en effectuer une analyse thématique.
Résultats
Selon plusieurs de nos intervenants, les femmes enceintes ont recours à l’acupuncture de manière plutôt ponctuelle pour des motifs variés liés à la grossesse (tableau 1). Elles n’utilisent pas forcément d’autres médecines complémentaires. L’acupuncture n’est que peu utilisée à visée préventive ou dans un suivi obstétrical systématique.
À Lausanne, une minorité des femmes enceintes ont recours à l’acupuncture. D’après nos intervenants, elles découvrent également cette pratique de manière diverse et leurs motifs de consultation sont variés (tableau 1). Les barrières à l’acupuncture semblent surtout économiques, les séances n’étant remboursées que par les assurances complémentaires, à différents pourcentages et franchises, à moins qu’elles ne soient pratiquées par un médecin acupuncteur doté d’un titre FMH, ce qui joue un rôle de facilitateur (tableau 1). Les déterminants culturels et spirituels ne semblent que peu influencer le recours à cette pratique.
Discussion
L’usage de l’acupuncture à Lausanne pour soulager les maux de grossesse reste assez marginal. Le recours à l’acupuncture par 68 % des femmes enceintes en Australie, malgré une politique assécurologique similaire,4 suggère que cette marginalité en Suisse est due à des facteurs non économiques, comme les différences d’habitudes, d‘accès et au manque de communication de la part des médecins. À l’inverse de l’Australie, l’acupuncture en France, bien que partiellement remboursée par l’assurance de base,5 est peu pratiquée selon l’une de nos intervenantes.
Pour conclure, une meilleure intégration de la pratique dans les soins et sa recommandation par le personnel médical aiderait à sa démocratisation. Des meilleurs niveaux de preuves dans les études y contribueraient également en finissant de convaincre le monde médical suisse.
Remerciements :
les auteurs remercient la Dre Mirjam Schuler Barazzoni, la Dre Béatrice Schaad Noble, ainsi que les intervenants pour le temps qu’ils nous ont accordé et leur contribution précieuse à notre travail.
Auteurs
Laurie Cantini
Étudiant‑e‑x‑s en 3e année de Bachelor à l’École de médecine, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Julia Lelièvre
Étudiant‑e‑x‑s en 3e année de Bachelor à l’École de médecine, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Gaëlle Terrettaz
Étudiant‑e‑x‑s en 3e année de Bachelor à l’École de médecine, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Rossalin Tzompov
Étudiant‑e‑x‑s en 3e année de Bachelor à l’École de médecine, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Luca Zellweger
Étudiant‑e‑x‑s en 3e année de Bachelor à l’École de médecine, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne