Amadouer la douleur en douceur
Quelle que soit son origine, la douleur est une sensation que l’on aimerait oublier. Bien qu’elle soit utile pour nous prévenir que quelque chose ne va pas, elle n’en demeure pas moins désagréable, voire handicapante. Si les antalgiques permettent de surmonter la crise, ils ne sont pas la solution sur le long terme. D’autres méthodes ont fait leurs preuves et font partie des techniques proposées aujourd’hui par les médecins: hypnose, méditation de pleine conscience, sophrologie, acupuncture, entre autres. «Lorsqu’un patient consulte au Centre du traitement de la douleur, je cherche à comprendre sa douleur, à savoir ce qui la provoque, quels en sont les facteurs d’exacerbation et quelles sont les croyances associées du patient ainsi que son attente», explique la Dre Anne Catherine Ducrey Erard, médecin-cheffe du Centre de traitement de la douleur du Centre Hospitalier du Valais romand.
Des aiguilles pour avoir moins mal
Même si certaines personnes peuvent être réticentes à se laisser planter de longues aiguilles sur le corps, l’acupuncture a fait ses preuves pour aider à surmonter certaines douleurs. C’est le cas lors de céphalées (maux de tête), cervicalgie, lombalgie chronique, douleurs postopératoires, règles douloureuses, entre autres.
Gestion du stress et de l’anxiété
La spécialiste insiste sur la différence entre douleur aiguë ou chronique: «Dans le contexte d’une douleur aiguë, à la suite d’une opération par exemple, sa cause doit être identifiée et traitée, mais la prise en charge par des méthodes de relaxation, sophrologie, méditation ou hypnose peut avoir toute sa place pour permettre la gestion du stress et de l’anxiété générés par ces souffrances.» Un avis que partage la Pre Chantal Berna Renella, médecin adjointe au Centre de médecine intégrative et complémentaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV): «L’hypnose, les massages et l’acupuncture ont montré une certaine efficacité pour aider à la réparation des lésions postopératoires et favoriser la cicatrisation dans certains contextes.»
La douleur chronique induit quant à elle des mécanismes de transformation du cerveau et du système nerveux. Pour parvenir à inverser la tendance, la méditation de pleine conscience, le biofeedback(une thérapie qui se focalise sur les réponses physiologiques du corps et qui apprend à les transformer), l’hypnose et l’acupuncture sont des méthodes qui ont fait leurs preuves. «Ces techniques demandent toutes un investissement un peu différent de la part du patient, précise Chantal Berna Renella. Au soignant de proposer la méthode la plus compatible avec le niveau d’énergie et de motivation du patient, sa priorité et ses objectifs.»
En transe ou en pleine conscience pour mieux supporter la douleur
Hypnose
«Le cerveau ne se contente pas d’identifier et de désigner le site de la douleur, certaines aires associatives sont activées et la connotent émotionnellement, précise Anne Catherine Ducrey Erard, médecin-cheffe du Centre de traitement de la douleur du Centre Hospitalier du Valais romand. Dès lors, l’hypnose, la sophrologie, mais aussi d’autres thérapies cognitives peuvent permettre au patient de désactiver les affects induits par la douleur. Ces techniques ne guérissent pas du mal, mais elles parviennent à le rendre supportable.» Pendant une séance d’hypnose, le patient se laisse guider par l’hypnothérapeute afin d’entrer en transe. Mais attention, il ne s’agit pas d’une pratique qui sent le soufre et les sciences occultes. Personne ne pourra obliger quelqu’un à tuer sa belle-mère sous hypnose! «Les patients ne sont pas réticents à l’hypnose, mais il leur est parfois difficile de comprendre qu’ils peuvent moduler eux-mêmes la réponse douloureuse. Certains pensent que, lorsqu’on propose cette technique, on nie une cause "physique" à leur souffrance. Ils peuvent alors s’y opposer», conclut Anne Catherine Ducrey Erard.
Très appréciée pour ses nombreuses applications thérapeutiques, l’hypnose est souvent utilisée en milieu hospitalier. «Elle a notamment été étudiée comme méthode anesthésiologique dans la chirurgie du cancer du sein, avec des bénéfices au-delà du confort opératoire, mais aussi dans la phase de récupération et de traitements associés», précise Chantal Berna Renella, médecin adjointe au Centre de médecine intégrative et complémentaire du CHUV.
Méditation de pleine conscience
Cette pratique consiste à diriger son attention sur le moment présent, sans laisser vagabonder ses pensées. Elle est aussi très utile pour calmer l’anxiété et diminuer le stress. Elle est proposée dans divers hôpitaux dans le cadre de différents programmes de soin : pour les personnes cancéreuses, dépressives, entre autres. Comme l’hypnose, la méditation demande un investissement de temps de la part du patient.
Bouger ne peut que faire du bien
Les douleurs chroniques poussent parfois ceux qui en souffrent à cesser de bouger. Une erreur à ne pas commettre. «Le patient doit intégrer le mouvement au quotidien, précise Anne Catherine Ducrey Erard, médecin-cheffe du Centre de traitement de la douleur du Centre Hospitalier du Valais romand. Ce qui compte, c'est de se réapproprier son corps, de bouger en captant les sensations et les signaux qu’il envoie. Le taï-chi et le yoga sont des activités qui vont dans ce sens. Souvent, la douleur chez les personnes âgées est intriquée avec la perte de fonctionnalité. Elles peuvent se sentir "emprisonnées" dans un corps qui devient de moins en moins fonctionnel. Maintenir le mouvement va permettre de ralentir ce processus.»
Plusieurs études scientifiques ont démontré que les gymnastiques douces, notamment le yoga, apportent de réels bienfaits au corps et à l’esprit.